AIGUISOIRS, POUSSOIRS MÉDIÉVAUX EN OS (Xle-XIVe s.) DANS LE SUD -OUEST DE LA FRANCE

AIGUISOIRS, POUSSOIRS MEDIEVAUX EN OS (Xle-XIVe S.) DANS LE SUD-OUEST

DE LA FRANCE

F BRIOIS, F POPLIN, I. RODET-BELARBI

avec la collaboration de M. Barrère, J.-P. Cazes, Y. Lignereux, J.-M. Martin, F. Veyssière (1).

1. Introduction

En 1993, lors de l'étude des ossements animaux provenant des fouilles dirigées par J.-M. Martin sur la place de Verdun à Tarbes, deux métatarses de bœuf, équarris sur les quatre faces et piquetés régulièrement sur presque toute leur longueur, ont attiré l'attention. Une brève enquête auprès des archéologues et archéozoologues de la région révéla que de nombreux exemplaires étaient déjà connus. De facture semblable mais plus ou moins soignée, leur quantité est variable selon les sites, d'un à plus d'une trentaine comme à Pamiers (Ariège). Une première recherche bibliographique a montré que quelques pièces de ce type avaient déjà été signalées en 1895 (Cartailhac 1895 : 62) et en 1907 (Mazauric 1907).

Des fonctions variées ont été attribuées à ces objets : marques pour les comptes du maître de forge {La dépêche du Midi, 4 mai 1960), marques de bouchers (Cartailhac 1895 : 62), marques de boulangers (Durand 1974) ou encore outil dont "les faucheurs se servaient pour ajuster leur faux" (Mazauric 1907). Les deux exemplaires de Tarbes ont été mis au jour dans une aire artisanale peut-être destinée au séchage des peaux. C'est pourquoi une enquête rapide a été menée auprès des mégissiers, tanneurs et bourreliers de la région afin de savoir si cet objet était issu de leur métier. La réponse fut négative dans tous les cas. Certains exemplaires provenant de Pamiers, confiés par F. Briois à I. Carrère, ont été soumis à F. Poplin qui émit l'hypothèse de l'aiguisoir

(Rodet-Belarbi 1990 : 68-70, avec extrait de lettre de F. Poplin à Mariel Jean-Brunhes-Delamare en date du 9 septembre 1988).

Les (re) découvertes se multipliant, la nécessité d'un inventaire, suivi d'une synthèse régionale, s'est imposée.

Compte tenu de l'importance de la documentation, il nous a semblé opportun de passer en revue les différents contextes de découvertes sous forme de courtes notices dans lesquelles sont présentés le nombre de pièces, l'environnement archéologique, les éléments de datation... L'étude à proprement parler comporte les résultats des observations anatomiques (espèce animale, pièce anatomique) et techniques (préparation et entretien de l'outil sur os) strictes qui sont discutées ensuite. Les aspects fonctionnels de ce type d'objets sont par ailleurs développés en fonction des arguments disponibles à ce jour. L'enquête menée le plus largement possible nous autorise à présenter également un inventaire dont le contenu ne demandera qu'à être complété avec d'autres références inédites ou les découvertes futures.

197